Ce qu'il reste
En France, depuis 1554, la pratique du glanage autorise quiconque à ramasser, à l’issue des moissons, les épis de blé oubliés. Des abris en pierre sèche étaient construits au milieu des champs, pour offrir un coin d’ombre aux glaneurs et glaneuses. Le temps passe, cette pratique se perd et les cabanes sont laissées à l’abandon. Ces architectures finiront enfouit par l’environnement extérieur, qui se dépose sur la pierre et qui l’altère, laissant place à de nouveaux paysages.
En écho au glanage, j’ai ramassé les plantes qui poussent dans ces environnements, pour extraire la chlorophylle présente dans les feuilles. Par la technique de l’anthotype*, j’ai révélé des images de ces architectures en friche. Processus artisanal et intimement lié au rythme de la terre, il est une alternative pour révéler des images de manière écologique. Ces images sensibles à la lumière, s’estomperont au fil du temps. L’image originale finira par disparaître, tout comme ces architectures, dont la mémoire creuse les racines du paysage actuel.
Si le geste de glaner se cache derrière la fabrication de ces images, leurs interprétations n’en demeurent pas moins plurielles. En effet, c’est en ramassant ce qu’il reste au sol, en saisissant ce qu’il reste d’une architecture en ruines, que j’interroge ce qu’il reste d’une image qui s’efface. La série témoigne d’un changement d’état fragilisé par le temps, dont la mémoire s’éteint dans la monochromie de son environnement.
Anthotype, papier kozo, dimensions variables
2022-2023



























